L’URSS proteste contre une tentative d'envoyer quelques dizaines de milliers de citoyens soviétiques d’Autriche vers les pays d'Amérique latine via l’Italie. La protestation officielle est émise par le Bureau du Commissaire au rapatriement après du Conseil des ministres de l'URSS. Il s’agit des derniers soldats de l’Armée de libération russe (ROA), ou de l’armée Vlassov, qui restent encore en Europe.
Il n'y a pas de données exactes sur le nombre de soldats de la ROA se trouvant en Autriche à l'automne 1946. Pendant la guerre, les membres de l'armée de Vlassov ont souvent été exécutés sans autre forme de procès. Les soldats de l'Armée rouge les détestaient, les considérant comme des traîtres. Désormais, des milliers d’anciens soldats de la ROA, qui se sont souvent retrouvés dans les rangs de l'armée ennemie suite à des circonstances insurmontables en 1941, demandent l'asile politique dans différents pays. Face à l'Union soviétique qui exige leur extradition, les émigrés russes prennent leur défense et l'Église orthodoxe russe hors frontière fait appel au pape Pie XII.
Le souverain pontife proteste contre l'extradition forcée des anciens soldats du général Vlassov qui ont demandé l'asile. Cependant, malgré toutes ces protestations, presque tous les pays extradent les anciens membres de la ROA: selon diverses estimations, il s’agit d'environ 2,3 millions de personnes.
En URSS, conformément à la loi du 18 août 1945, les anciens soldats de l’armée de Vlassov sont envoyés dans des campements spéciaux dans des zones reculées du pays pour une durée de 6 ans. Beaucoup sont fusillés sur le champ en Europe, mais la majorité revient en URSS. Vers le milieu des années 1950, presque toutes les restrictions à leur égard sont supprimées. Cependant, un certain nombre de professions et d'établissements d'enseignement, ainsi que plusieurs grandes villes, leur restent interdites. En outre, leur appartenance à la ROA a des répercussions négatives sur le sort de leurs proches. Quant aux officiers de la ROA, de lourdes peines leur sont infligées et beaucoup sont exécutés. Par ailleurs, des Cosaques blancs sont exécutés pratiquement sous les yeux de ceux qui les ont extradés, ce qui provoque de nombreuses protestations. Environ un tiers des membres de l’armée de Vlassov échappe à l'extradition.
Source:
La Pravda, n° 233 (10315) du 30 septembre 1946.