Le 22 septembre 1946, Moscou reçoit la note de Novikov, considérée par les historiens comme l'équivalent soviétique du «long télégramme» de Kennan.

Ce message analytique de l'ambassadeur soviétique Nikolaï Novikov «La politique étrangère américaine d'après-guerre», écrit en septembre 1946, a été envoyé au ministère des Affaires étrangères par valise diplomatique le 22 septembre, et a été télégraphié le 27 septembre. Il comprenait 4.004 mots (à peine plus court que celui de Kennan, composé de 5.540 mots).

Le télégramme, envoyé à Washington le 22 février 1946 par le conseiller de l'ambassade américaine à Moscou, expliquait l'impossibilité de coopérer avec l'URSS et la nécessité d'une doctrine d'«endiguement». En fait, le message de Novikov était une réponse symétrique.

Le texte du télégramme contient de nombreuses thèses et tournures verbales dévoilant la «co-rédaction» du ministre soviétique des Affaires étrangères, Viatcheslav Molotov. Non seulement les circonstances et le moyen de l'envoi, mais aussi de nombreuses dispositions de la note coïncident par le sens et la signification avec les thèses du «long télégramme», qui est devenu la base de la politique étrangère américaine d'après-guerre envers l'Union soviétique.

Comme Novikov le rappellera plus tard, la note a été rédigée à la demande de Molotov et a servi à justifier le durcissement de la politique soviétique à l'égard des États-Unis.

En particulier, la note dit:

«Tous les pays d'Europe et d'Asie ont un besoin colossal de biens de consommation, d'équipements industriels et de transport, etc. Une telle situation offre au capital monopolistique américain la perspective d'énormes expéditions de marchandises et l'importation de capitaux dans ces pays - une circonstance qui leur permettrait d'infiltrer leurs économies nationales. Un tel développement signifierait un sérieux renforcement de la position économique des États-Unis dans le monde entier et constituerait une étape sur la voie de la domination mondiale des États-Unis.»

Le télégramme de Novikov n'aura pas une signification symbolique aussi importante que celui de Kennan (le surnom de son auteur est «l'architecte de la guerre froide»). Le 25 octobre 1947, Nikolaï Novikov, qui ne partageait pas entièrement les vues de Molotov et de Staline sur les relations avec les États-Unis, sera démis de ses fonctions d'ambassadeur par décision du Præsidium du Soviet suprême de l'URSS, car il ne «justifiait pas la confiance du Comité central», mais il s'en sortira sans une égratignure: il quittera sa carrière diplomatique et se lancera dans des activités littéraires et scientifiques.


Source:
VOYENNAYA LITERATURA - Mémoires - Novikov Nikolaï. Mémoires d'un diplomate. – M.: Politizdat, 1989.