Première édition du Festival de Cannes

20Septembre, 00:00

Le réalisateur soviétique Fridrikh Ermler, lauréat du Grand Prix du premier Festival de Cannes

Le 20 septembre 1946, le premier Festival de Cannes s'ouvre.

L'idée d'organiser d’un grand festival international du film en France est née avant la guerre, car nombreux étaient ceux qui pensaient que le cinéma français avait été insuffisamment représenté à la Mostra de Venise. En outre, le prestige de ce dernier a été sapé par un scandale en 1938, lorsque les autorités fascistes italiennes et allemandes ont ouvertement interféré dans les prises de décision du jury. Les délégations britannique et américaine ont quitté Venise en signe de protestation. La nécessité d'une alternative européenne est devenue évidente.

Le premier Festival de Cannes a été proposé par Jean Zay, ministre de l'Éducation nationale. Louis Lumière, inventeur du cinématographe, a accepté d'être le président de la première édition. Mais le démarrage en septembre 1939 a été perturbé par le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. L’idée n’a été ravivée qu'en 1946. Les invitations officielles ont été envoyées par voies diplomatiques aux gouvernements de la plupart des États membres des Nations unies. Certaines délégations sont arrivées à Cannes sans films, notamment la délégation argentine et la délégation norvégienne.

Le palmarès du Festival comprendra 11 films long métrage, dont l'américain Le Poison (The Lost Weekend) de Billy Wilder et le soviétique Le Tournant décisif (Velikiy perelom) de Fridrikh Ermler (en général, le plus grand nombre de prix sera décerné aux films de l'Union soviétique). Ce n'est qu'un an plus tard que la catégorie «Meilleur réalisateur» verra le jour, tandis que la Palme d'or ne sera décernée qu'en 1955.

Source:
Nadezhda Ionina. Cent grands prix. - Moscou: Veche, 2000.

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Lída Baarová

Actrice tchèque, star du cinéma allemand, maîtresse duministre de la Propagande du IIIe Reich Joseph Goebbels. Elle a déménagé en Allemagne en 1934 sur invitation du studio Ufa, a été présentée à Hitler et a énormément impressionné ce dernier par son apparence, très similaire à celle de sonamante Geli Raubal. Hitler l'a invitée à plusieurs reprisespour un thé à la chancellerie. Elle est devenue une star allemande grâce au film Barcarole (1935). Elle a rejeté une invitation à Hollywood et un contrat de sept ans avec le studio MGM,estimant que sa célébrité mondiale pourrait dépasser celle de Marlene Dietrich. Voisine de Goebbels qui lui faisait une cour insistante, elle finira par lui céder (Magda Goebbels a même proposé à Lída Baarová de "trouver un compromis" et de "partager Joseph").Hitler a mis fin à cette relation à la demande de Magda. Goebbels a donné sa démission pour divorcer et partir à l'étranger avec sa maitresse, mais Hitler a bloqué son départ et a interdit au ministre de contacter Lída Baarová. Dans ce contexte, Goebbels a tenté de se suicider le 15 octobre 1938. L'actrice s'est vu interdire la participation au tournage de films, et la projection de ses œuvres précédentes a été annulée. En 1941, elle a déménagé en Italie,puis à Prague après l'occupation du pays par les troupes américaines. Les Américains l'ont arrêtée en avril 1945. En raison de son travail pour les nazis, elle a été condamnée à la prisonmais pas à la peine capitale car elle a réussi à prouver en justice qu'elle avait participé au tournage de films en Allemagne avant le début de la Seconde Guerre mondiale. Sa sœur cadette s'est suicidée au cours de l'enquête. Lída Baarová a été libéré par un admirateur qui avait des connections au sein du gouvernement tchécoslovaque d'après-guerre. Les deux ont fui ensuite en Autriche. Les 20 dernières années de la vie de l'actrice se sont déroulées dans l’oubli et la pauvreté à Salzbourg. En 1995, elle a publié ses mémoires,Bittersweet Memories, parlant des élites du IIIe Reich et de sa romance avec Goebbels - qu'elle avait nié pendant toute sa vie.

Leni Riefenstahl

Actrice, réalisatrice et photographe allemande. Elle a connu la célébrité avec le film La Lumière bleue. En 1932, frappée par le discours électoral d'Hitler, elle lui a envoyé une lettre pour demander une entrevue. Ensuite, elle a obtenu son soutien absolu. En tant que réalisatrice, elle a tourné trois films de propagande emblématiques, devenus des classiques des documentaires idéologiques: La Victoire de la Foi (1933), Le Triomphe de la volonté (1935) et Jour de la Liberté: Nos Forces de Défense (1935). Son film suivant Les Dieux du stade est sorti en 1938, mais sa première américaine et britannique a été torpillée par la nuit de Cristal. Après la Seconde Guerre mondiale elle a nié les faits prouvant qu'elle était au courant de l'extermination des "personnes racialement inférieures". Le 12 septembre 1939, elle et son équipe de tournage ont été témoins d'un massacre de Juifs par des soldats de la Wehrmacht à Końskie (Pologne). En 1940, elle était bien au courant du sort qu’attendait les 120 Tziganes détenus dans les camps de concentration qu'elle a utilisés gratuitementpour le tournage du film Tiefland. La plupart de ces derniers sont plus tard morts à Auschwitz. Leni Riefenstahl a été la personnalité culturelle la plus célèbre et couronnée de succès du IIIe Reich, et faisait partie des élites nazies. Elle a été arrêtée par les soldats américains en avril 1945. Quelques procès de dénazification ont cependant reconnu son innocence et l'ont considérée comme non concernée par la loi de dénazification. Elle a quitté plus tard le cinéma pour se focaliser sur la photographie. Elle a pour la première fois introduit dans la pratique culturelle mondiale de nouveaux types de sujets et d'approches: elle a photographié des tribus nubiennes à l'âge de 53 ans et a organisé des tournages en plongée à l'âge de 71 ans. En 1987, elle a publié ses mémoires, devenues un best-seller. Elle a reçu une médaille d'or du Comité international olympique en 2001. Elle est morte deux semaines après son 101e anniversaire. Elle a affirmé jusqu'à la fin de sa vie n'avoir rien su des crimes nazis.

Gabrielle (Coco) Chanel

Créatrice de mode française mondialement connue. En 1940, elle est restée en France occupée. Des rumeurs sur ses liens avec les nazis ont commencé à circuler après la guerre. En 2011, il a été confirmé que Coco Chanel avait été agente du renseignement militaire allemand. Elle a été la maîtresse du baron Hans Gunther von Dincklage, officier allemand de l'Abwehr, a joué le rôle d'intermédiaire dans ses relations avec le gouvernement d'occupation et a payé son séjour permanent à l'hôtel Ritz à Paris. Ce dernier a recruté Coco Chanel, 57 ans, en tant qu'agent F-7124 sous le nom de code "Westminster" (le duc de Westminster était un autre amant de Chanel). Grâce à ce partenariat, Coco Chanel a libéré son neveu d'un camp de prisonniers militaires en Allemagne et a tenté d'obtenir un contrôle absolu de l'industrie du parfum (elle a déposé une requête de restitution de la propriété "aryenne" après avoir vendu sa licence en 1924 aux frères juifs Wertheimer). Elle promouvait publiquement la théorie du complot judéo-bolchévique et était connue pour ses propos antisémites. Elle a été surnommée "collaboratrice horizontale" en raison de ses liens sexuels avec des occupants de haut rang. Elle avait des contacts étroits avec Walter Schellenberg, chef du renseignement politique du IIIe Reich.
Elle ne s'occupait pas directement de l'espionnage, mais aidait les nazis grâce à ses contacts dans des milieux influents en Espagne et en Angleterre. Elle aurait dû organiser des négociations séparées entre les nazis et les autorités britanniques dans le cadre de l'opération "Chapeau de couture", mais cette initiative a été torpillée par le MI6. Elle a fui en Suisse après la guerre et a réussi à éviter le tribunal pour les accusations de collaborationnisme, probablement grâce à l'intervention de Winston Churchill ou de la famille royale britannique. Après être revenue en France, elle a payé le silence de tous ceux qui auraient pu témoigner de ses liens avec les nazis, notamment Walter Schellenberg. Ce dernier a réussi à partir à l'étranger grâce à Coco Chanel et ne l'a pas mentionnée plus tard dans ses mémoires.

Le roi Édouard VIII et Wallis Simpson

Le roi britannique Édouard VIII, icône glamour d'avant-guerre, créateur de mode et star des soirées, a abdiqué en 1936 pour marier une simple Américaine divorcée, Wallis Simpson, et a reçu le titre de duc de Windsor. Il est connu que Wallis Simpson avait une liaison avec Joachim von Ribbentrop, chef de la diplomatie du IIIe Reich (qui lui envoyait chaque nuit dix-sept œillets). Le FBI a même publié des informations indiquant que Wallis Simpson était une agente de l'Allemagne nazie ayant accès aux documents secrets du gouvernement britannique. Le couple ne cachait même pas ses sympathies pour les nazis. Ils ont rencontré Hitler en 1937, et on voit sur une photo Édouard lever sa main dans un salut nazi (ce dernier a affirmé plus tard avoir tout simplement agité sa main). En 1940, ils ont eu des contacts étroits avec des diplomates allemands au Portugal, où l'ancien roi a déclaré dans une interview que le Royaume-Uni devrait bientôt capituler face au IIIe Reich. En 1945, les troupes américaines ont découvert des textes choquants des archives allemandes, baptisés les "dossiers de Marbourg". Ces derniers comprenaient notamment le "dossier de Windsor" contenant des informations sur l'opération Willi de 1940: le duc de Windsor a été persuadé de l'existence d'un complot organisé par le roi George VI (son frère) et le premier-ministre Winston Churchill ayant pour objectif de l’assassiner. Dans ce contexte, le duc a dû s’allier avec les nazis. Ces derniers étudiaient également la possibilité de son kidnapping pour faire chanter la famille royale britannique et obtenir la capitulation du Royaume-Uni. Les Allemands envisageaient de faire revenir Édouard sur le trône et de reconnaître sa femme comme la reine en échange de déplacement libre des forces allemandes en Europe. Les dossiers de Marbourg contiennent des communications suggérant que le duc soutenait les bombardements de l'Angleterre visant à contraindre le gouvernement aux négociations de paix. Édouard n'a pas été désavoué par sa famille, il a passé le reste de sa vie en France avec sa femme, jusqu’à sa mort en 1972.

Hugo Boss

En 1997, l'entreprise Hugo Boss a publiquement reconnu sa collaboration avec les nazis et a même financé les recherches à ce sujet afin de sauver son image. Il a été révélé que Hugo Boss, fondateur de la compagnie, avait mis en place la production très lucrative de l'uniforme de la Wehrmacht. Son usine recourait au travail de prisonniers de guerre: 140 Polonais et 40 Français. Contrairement aux rumeurs, le créateur de l'uniforme de SS n’était pas Hugo Boss mais Karl Diebitsch, artiste et officier. Quand il a été établi que le tissu noir absorbait les rayons du soleil en été, provoquant une transpiration considérable, sa couleur a été remplacé par le gris. Le noir n'était plus utilisé que dans l'uniforme de parade des officiers supérieurs de la SS, cousu justement par l'usine de Hugo Boss. Siegfried Boss, fils de Hugo, a publiquement reconnu en 2007 que son père avait coopéré avec les nazis en raison de ses convictions personnelles et avait volontairement rejoint le Parti national‑socialiste. Ainsi, son usine a été enregistrée comme une entreprise militaire d'importance spéciale qui recevait des commandes importantes. Tous les dirigeants de l'entreprise étaient des hitlériens convaincus. Après la guerre, Hugo Boss a été jugé et condamné à une amende de 100.000 marks. Il a cependant été réhabilité, et son statut d'accusé a été remplacé par celui de sympathisant. Suite à la publication des révélations, l'entreprise a publié sur son site un communiqué présentant ses "regrets profonds pour les souffrances des travailleurs de l'usine de Hugo Boss sous les nazis". Depuis les années 1990, l'uniforme noir, déjà reconnu comme l'uniforme le plus beau de tous les temps et de tous les peuples, est devenu un élément du mouvement politique Nazi chic, dont la plupart des adeptes font partie des milieux néonazis du Japon.

Dimitri Merejkovski et Zinaïda Hippius

Le couple d'écrivains Dimitri Merejkovski et Zinaïda Hippius a émigré de Russie fin 1919 et séjourné en France à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Faisant partie des leaders de l’émigration russe, ils considéraient le fascisme et le nazisme comme la seule force capable d'anéantir le communisme qu'ils détestaient. Dimitri Merejkovski s'est passionné pour les idées fascistes à la fin des années 1930. Il a rencontré Benito Mussolini et le considérait comme celui qui devrait sauver l'Europe du communisme. Zinaïda Hippius ne partageait pas cette opinion, car elle rejetait toute forme de tyrannie, mais elle qualifiait Hitler de leader capable d'écraser les bolcheviks. En été 1941, suite à l'attaque de l'Allemagne contre l'URSS, des amis ont emmené Dimitri Merejkovski - à l'insu de Zinaïda Hippius - à la radio allemande où il a comparé Hitler à Jeanne d'Arc qui avait sauvé le monde du diable, et a évoqué les "valeurs spirituelles promues par les baïonnettes des guerriers chevaliers allemands". Zinaïda Hippius a été scandalisée, mais a néanmoins pris la défense de son époux. Dans tous les cas, elle a elle-même exprimé sa sympathie pour les collaborationnistes qui avaient rejoint l'Allemagne, et a évoqué des "garçons russes qui, dans les années 40 de notre siècle, menaient une nouvelle lutte sacrée pour la Russie avec leur nouveaux alliés (qui ne les abandonneraient jamais!)". Le discours de Dimitri Merejkovski a immédiatement été retranscrit par le journal nazi russe, ce qui a provoqué le boycottage du couple. Dmitri Merejkovski est mort le 7 décembre 1941 après avoir été déçu par les idées du fascisme et avoir vu leur application pratique: il y avait beaucoup d'informations régulières sur des atrocités commises par les nazis en URSS. Trop tard: ses obsèques n'ont attiré qu'une poignée de visiteurs, alors que son nom restera toujours marqué par sa sympathie pour les nazis.

Mikhaïl Prichvine

La publication post-mortem des journaux du célèbre écrivain soviétique Mikhaïl Prichvine a frappé beaucoup d'amateurs de ses œuvres. Ainsi, il a ouvertement mentionné son soutien au régime hitlérien et sa haine des communistes et des juifs. Il ne croyait pas que les nazis voulaient exterminer les Slaves et voulait que les Allemands conquièrent l'URSS. Ainsi, il a écrit après l'occupation de la France en 1940: "Les Allemands se sont approchés de la Seine. Cela me plaît pour une certaine raison, contrairement à Razoumnik (Razoumnik Ivanov-Razoumnik, ami de l'écrivain qui avait rejoint les Allemands après l'attaque contre l'URSS et a combattu contre les Russes, ndlr), alors que Lialia (Valeria Liorko, deuxième femme de l'écrivain, ndlr) a pris son parti. Je pense que Razoumnik soutient les Français parce qu'ils sont actuellement contre nous (nous sommes les pires évidemment). Et Lialia est contre les Allemands, parce qu'ils ont gagné, et elle a pitié des Français. Moi, j'ai résolument défendu Hitler." "La cause d'Hitler est, à mon avis, préférable à celle des alliés, parce que l'idée de ces derniers est de "tout acheter", tandis que lui, il veut "tout prendre". Le printemps 1941: "Je veux la victoire de l'Allemagne, parce que l'Allemagne représente le peuple et l'État sous leur forme pure…" 1940-1941: "Mon soutien à Hitler résulte de la négation de nos intellectuels sectaires, ainsi que probablement de ma foi en ce que Dieu n'est pas tout à fait indifférent au sang humain et sympathise avec le sang sain." "Nos contemporains estiment que les Allemands sont inévitables: si nous les aidions, ils nous transformeraient en colonie; si nous nous y opposions, ils nous écraseraient pour tout prendre. Les Juifs et compagnie haïssent Hitler, et cette haine a rempli une moitié du monde, de Rothschild à un intellectuel russe pauvre marié à une juive. De l'autre côté, la seconde moitié est montée contre les Juifs." "La sympathie populaire profonde pour les Allemands est une manifestation du patriotisme russe (au sens de l’appel de Riourik au pouvoir)". Mikhaïl Prichvine a été décoré de l'Ordre du Drapeau rouge du Travail en 1943 et a écrit le 15 février 1945: "Suite à l'annonce de la défaite de l'Allemagne en Crimée, une question se pose clairement: à quoi bon meurent les Allemands, quel est le sens de leur héroïsme?" La publication des journaux de l'écrivain n'a commencé qu'en 1982. Ces textes ont choqué les éditeurs, mais ont néanmoins été publiés sans censure.

Édith Piaf

Cette grande chanteuse française a visiblement accueilli les occupants sans aucune protestation. Elle organisait des tournées sur le territoire du Reich, chantait pour les prisonniers de guerre français, se faisait photographier avec les officiers allemands et recevait des sommes énormes pour ses concerts organisés pour les Allemands à l'étage supérieur d’une maison close. En réalité, des juifs se cachaient en même temps à un autre étage du bâtiment et les concerts d'Édith Piaf servaient de couverture à cette activité. Elle a aidé beaucoup de musiciens juifs, devenus plus tard résistants, à fuir. Elle faisait également passer des documents falsifiés aux détenus français des camps allemands sous couvert d’autographes.

Charles Aznavour

Charles Aznavour, chanteur franco-arménien, donnait activement des concerts à Paris à l'époque de l'occupation et était très populaire chez les Allemands. En même temps, il cachait avec sa famille des Juifs dans son appartement et a aidé Missak Manouchian, héros de la Résistance. Pour cette raison, Charles et sa sœur Aïda ont reçu la médaille Raoul Wallenberg en 2017.

Olga Tchekhova

L'actrice Olga Tchekhova, nièce d'Olga Knipper-Tchekhova, a émigré de Russie en Allemagne en 1920 pour devenir une star du cinéma au début des années 1930. Elle participait activement aux tournages jusqu'à l'effondrement du IIIe Reich et a reçu le titre d'actrice d'État en 1936. Elle faisait partie de l'entourage proche d'Hitler. En avril 1945, elle a été arrêtée par les autorités d'occupation soviétiques et transférée de Berlin à Moscou, mais est revenue dans le pays deux mois après. Il s'est avéré plus tard qu'Olga Tchekhova était une agente du renseignement soviétique. Pavel Soudoplatov, chef de de la 4e direction du NKVD et responsable des opérations de renseignement et de sabotage, affirmait qu'elle aurait dû participer à un attentat contre Hitler. Il n'existe cependant aucune confirmation documentaire du travail d'Olga Tchekhova pour le renseignement soviétique.

Marlene Dietrich

Icône de cinéma des années 1920-1940, elle était une star de niveau international au début des années 1930. Antifasciste, elle a rejeté en 1936 la proposition de Joseph Goebbels de payer 200.000 marks pour chaque film tourné en Allemagne avec sa participation et de lui octroyer un choix libre des sujets, des producteurs et des réalisateurs. En 1937, elle a quitté l'Allemagne pour déposer une demande de nationalité américaine. Elle a entretenu des relations romantiques avec l'écrivain Erich Maria Remarque et l'acteur Jean Gabin (les deux étaient eux aussi antifascistes). Elle a publiquement désavoué sa sœur ainée après avoir appris que cette dernière accueillait dans son cinéma et sa cantine des gardiens du camp de concentration de Bergen-Belsen. En 1943, elle a interrompu sa carrière pour donner des concerts chez les troupes alliées pendant trois ans. La chanson Lili Marleen, interprétée par Marlene Dietrich, était populaire parmi les Américains, tout comme les soldats de la Wehrmacht, même si son texte a été modifié et pacifié dans la version destinée à ces derniers. En 1945, juste après la victoire, elle s'est rendue pour un temps en Allemagne. Une théorie suggère qu'elle a assisté au tribunal de Nuremberg. En 1947, elle a reçu la médaille de la Liberté, la décoration militaire la plus prestigieuse attribuée aux civils par le président américain. En 1950, elle a été nommée chevalière de la Légion d'honneur, pour devenir plus tard officière et commandeure. Lors d'une tournée en 1960 elle a fait face à des persécutions à cause de sa position "de traître", antiallemande, pendant la guerre: la foule jetait des œufs et tentait de cracher sur elle. En 1961, elle a participé au tournage du film Jugement à Nuremberg de Stanley Kramer, consacré à l’un des Petits Tribunaux de Nuremberg de 1948. La première du film a coïncidé avec le jugement sur l'affaire Adolf Eichmann, examinée à Jérusalem. Le personnage de Marlene Dietrich (la veuve d'un général nazi exécuté, ressemblant à Wilhelm Keitel) devait réciter un monologue affirmant que les Allemands n’étaient pas au courant des crimes du nazisme. L'actrice ne pouvait pas se forcer à prononcer ces paroles et a en fin de compte joué le rôle de sa mère, qui a maintenu une telle cécité mensongère et consciente par rapport au IIIe Reich.

Erich Maria Remarque

Ce grand écrivain allemand a combattu sur le front occidental pendant la Première Guerre mondiale, a été blessé et décoré de la croix de fer de 1e classe, mais a rejeté la médaille et la décoration. Il a décrit ses expériences de guerre dans le roman À l'Ouest, rien de nouveau, devenu une sensation internationale juste après sa publication. En 1930, les nationaux-socialistes ont activement tenté d'empêcher la première d'un film tourné à Hollywood sur la base de ce livre. En 1933, l'Union des officiers allemands a protesté contre l'attribution du prix Nobel à Erich Maria Remarque qui, du point de vue de l'association, avait dénigré l'armée et les soldats allemands. En 1933, les nazis brûlaient ce roman avec d'autres livres des "ennemis du peuple" en criant: "Nous le livrons aux flammes en raison de la trahison littéraire des soldats et au nom de la culture de l'esprit de combat du peuple allemand." Joseph Goebbels a fait circuler des rumeurs affirmant qu'Erich Maria Remarque n'avait pas en réalité combattu sur le front occidental, qu'il était un Juif nommé Kramer (anagramme de Remark) et qu'il avait volé le manuscrit d'un camarade décédé. L'écrivain a quitté l'Allemagne juste après l'arrivée d'Hitler au pouvoir. Il est parti en Suisse pour émigrer ensuite aux États-Unis. Les autorités allemandes l'ont privé de sa nationalité. Sa sœur Elfriede a été exécutée par les nazis en 1943 pour des accusations de propos antihitlériens. Un juge a déclaré publiquement: "Votre frère nous a malheureusement échappés, mais vous ne pouvez fuir nulle part." Sa sœur ainée Erne a reçu une facture de 495,80 marks pour la détention pénitentiaire, le procès et l'exécution d'Elfriede. L'écrivain n'a appris ces faits qu'après la guerre et a consacré à Elfriede son roman L'Étincelle de vie. Plusieurs œuvres d'Erich Maria Remarque analysent la nature du nazisme. Il n'est jamais revenu en Allemagne, jusqu'à sa mort en 1970.

Marcel Marceau

Le mime français légendaire, auteur du personnage du clown Bip et fondateur de l'école de pantomime française, est né dans une famille juive à Strasbourg, à la frontière franco-allemande. Au début de la guerre - Marcel n'avait que 16 ans à l'époque - sa famille a fui à Limoges. À l'âge de 17 ans, Marcel a rejoint la Résistance et, plus tard, la France libre de Charles de Gaulle après la libération de Paris. Il a notamment servi comme un officier de liaison avec les troupes du général George Patton. Né Marcel Mangel, il a pris le pseudonyme Marceau en l'honneur du général Marceau-Desgraviers. En 1944, la plupart de ses proches, y compris son père, sont morts dans le camp de concentration d'Auschwitz. En tant qu'agent de la Résistance, Marcel Marceau a contribué au sauvetage de 70 enfants juifs d'orphelinats, en utilisant son talent artistique. Les enfants ont été transférés en Suisse à travers les Alpes déguisés en touristes, et Marcel a joué à plusieurs reprises le rôle de leur accompagnant. Il a créé chaque fois des personnages différents et les gardes ne l'ont pas reconnu. Un autre de ses exploits est la capture d'une unité allemande: il a persuadé les Allemands que son petit groupe était l'avant-garde d'une grande division française et les nazis se sont rendus. Marcel Marceau a reçu plusieurs décorations françaises, notamment l'ordre de la Légion d'honneur. En 2002, il est devenu ambassadeur de bonne volonté des Nations unies. Suite à son décès en 2007, il a été enterré au célèbre cimetière parisien du Père Lachaise.

Evelyn Waugh

Ecrivain anglais majeur du XXe siècle, maître du sarcasme. Présent sur le front de décembre 1939 jusqu'à la fin de la guerre. Il a servi dans la marine, le renseignement, les forces spéciales, et a accompli des missions diplomatiques secrètes. Il a fait preuve de son courage: il a rejoint l'armée avant l'appel de recrues de son âge, a toujours tenté de se retrouver à l’avant-garde et a notamment servi dans une unité commando qui organisait des opérations sur le territoire de la France occupée. Il a participé à la protection de l'évacuation anglaise de Crète. Il était connu pour son courage et sa fierté: il a, à plusieurs reprises, marché sans fléchir pendant des bombardements allemands. Ses commandants étaient tellement irrités par son insubordination qu'ils l'envoyaient toujours dans des unités qui ne pouvaient pas être envoyées sur le front où Evelyn voulait tellement se rendre. En 1944, il était officier de liaison chez les forces de Tito en Yougoslavie (avec Randolph Churchill, fils du premier ministre britannique). Plus tard, il a mystifié les Anglais en racontant des blagues affirmant que Tito était une femme. Il a présenté les particularités de l'Angleterre combattante dans son roman satirique Officers and Gentlemen et sa meilleure œuvre, Brideshead Revisited. Il a assisté au procès de Nuremberg en mars 1946 et a satiriquement décrit le procès comme une "classe" dont Hermann Göring était l’administrateur et Joachim von Ribbentrop un "pauvre professeur, persécuté par les garçons".

Jean Gabin

Ce grand acteur français a servi dans l'armée française sous son nom réel, Jean Alexis Moncorgé, et était le combattant le plus âgé à la 9e compagnie de la célèbre 2e division blindée du général Leclerc, chef de char à bord d'un M10 Wolverine. Il a participé aux combats en Afrique du Nord, à l'opération en Normandie et à la libération de Paris. Au début de la guerre, il est parti aux États-Unis car il ne voulait pas rester dans Paris occupée. Il a eu des relations romantiques avec Marlene Dietrich en Amérique, mais s'est rendu plus tard sur le front après avoir appris à la radio l'appel au combat adressé par Charles de Gaulle aux Français. Alors que son char, le Souffleur II, entrait à Paris, Marlene Dietrich qui l'attendait dans la foule s'est jetée vers l'engin. Il s'agissait d'une mise en scène qui était cependant très naturelle et encourageante. La carrière militaire du sergent Gabin a pris fin en Bavière, à proximité de l'état-major général d'Hitler à Berchtesgaden. Il a été décoré de la Médaille militaire et de la Croix de guerre.

Rebecca West

L'écrivaine britannique la plus populaire de son époque. Cette journaliste et féministe a entretenu pendant des années une relation avec Herbert George Wells. En 1940, elle était déjà l'une des écrivaines britanniques les plus riches. Antifasciste convaincue, elle transférait des fonds aux républicains espagnols et condamnait publiquement les démocraties occidentales pour leur refus d'aider l'Espagne. Elle dénonçait ouvertement le gouvernement britannique pour sa politique d'apaisement d'Hitler et rejetait le pacifisme de ses collègues "gauchistes" en affirmant que ces derniers, tout comme les autorités, ne comprenaient pas la nature et le potentiel horrible du nazisme. Elle sympathisait avec les résistants yougoslaves et a octroyé sa résidence de campagne aux réfugiés yougoslaves pendant la guerre (elle a notamment créé une ferme pour ces derniers). Elle figurait dans le "livre noir" de Walter Schellenberg (la liste des Britanniques qui devraient être appréhendés immédiatement après l'occupation du Royaume-Uni par le IIIe Reich). Elle a assisté au procès de Nuremberg. Son cycle d'essais Greenhouse with Cyclamens est considéré comme l'une des meilleures œuvres consacrées au tribunal de Nuremberg. "Pour tous ceux qui étaient présents, sans aucune exception, il s'agissait d'un lieu de sacrifice, de maux de tête et de mal du pays", écrivait-elle.

Billy Wilder

Eminent réalisateur et producteur américain, auteur de la comédie Certains l'aiment chaud. Né dans une famille juive en Galicie, sur le territoire de l'empire austro-hongrois (Pologne actuelle). Il a abandonné ses études de droit pour devenir journaliste. Dans les années 1920, il a commencé sa carrière journalistique à Berlin et rédigeait des scénarios de films muets. Après l'arrivée des nazis au pouvoir, il a émigré en France pour se rendre ensuite aux États-Unis.
La mère, la grand-mère et le beau-père de Billy Wilder ont été victimes de la Shoah: ils sont décédés à Auschwitz. Il a été témoin de la libération des camps de concentration et a tourné le film propagandiste Death Mills, commandé par le ministère américain de la Défense et destiné à la population allemande. Il a assisté au procès de Nuremberg.

Elsa Triolet et Louis Aragon

Elsa Triolet, écrivaine et sœur de Lili Brik, et Louis Aragon, écrivain et communiste français, se sont mariés et habitaient en France. La Seconde Guerre mondiale a commencé quelques années après leur mariage, et Louis Aragon a été mobilisé dans une division blindée le 2 septembre 1939. Elsa Triolet, juive, a fait l'objet d'une traque et a miraculeusement réussi à quitter Paris avec d'autres personnes déplacées. En juin 1940, le couple s'est réuni au Sud de la partie libre de la France. Un an après, les dirigeants de la Résistance ont tenté de faire passer le couple à travers la frontière, mais les Allemands ont capturé le groupe. Ils n'ont cependant pas identifié les détenus et ont libéré ces derniers dix jours plus tard. Les époux ont commencé une vie clandestine et ont créé à Lyon une imprimerie qui diffusait des journaux, des tracts et des brochures antifascistes. Ils faisaient partie des rares résistants qui étaient encore en vie: les autres avaient été fusillés. Les deux ont décrit leur expérience dans leurs livres. En 1945, Elsa Triolet a été la première femme (et la première écrivaine d'origine russe) à obtenir le prix Goncourt pour son recueil Le premier accroc coûte deux cents francs.

Première édition du Festival de Cannes

Vol de la mémoire historique

La justice en accéléré

Potence et cendres

Il ne s’est pas rendu vivant

Procès des serviteurs du Reich

«La mort!», chuchotaient les condamnés

Un aristocrate au service d'Hitler