Le 28 août 1946, les États-Unis ont mis leur veto à l'adhésion de la Mongolie et de l'Albanie à l'Onu. Cela est dû à l'orientation communiste des deux pays et à la suspicion quant à leur incapacité à voter indépendamment de l'URSS sur les questions majeures.

La question des procédures de vote au sein du futur Conseil de sécurité de l’Onu a été discutée lors de la conférence des quatre puissances -le Royaume-Uni, la Chine, l'URSS et les États-Unis- à Dumbarton Oaks, du 21 août au 7 octobre 1944. Le projet, préparé par les États-Unis, qui stipulait l'unanimité de tous les membres permanents du Conseil pour prendre des décisions concernant le maintien de la paix et de la sécurité internationale, a été adopté comme base. Les États-Unis ont insisté sur leur propre projet et n’ont accepté de rejoindre la nouvelle organisation que si la règle de l'unanimité des membres permanents du Conseil s'appliquait.

Par la suite, le gouvernement américain a rédigé une nouvelle version de la procédure de vote au sein du Conseil de sécurité. Le projet, appelé par la suite «formule de Yalta», a été examiné et approuvé par les trois puissances lors de la conférence de Yalta, qui a eu lieu du 4 au 11 février 1945. Ses dispositions stipulaient que chaque membre du Conseil de sécurité disposait d'une voix; les décisions du Conseil de sécurité sur les questions de procédure étaient prises à la majorité de sept voix et les décisions sur les autres questions à la majorité de sept voix, y compris les voix concordantes des membres permanents, alors que la partie contestataire s'abstenait de voter.

La version finale de la Charte des Nations unies a été adoptée lors de la conférence de San Francisco, qui a réuni 50 États du 25 avril au 26 juin 1945. Toutefois, les petits États craignaient que si la paix était menacée par l'un des membres permanents, le Conseil ne soit pas en mesure de prendre les décisions appropriées. Les États-Unis se sont opposés activement non seulement à l'adhésion de l'Albanie et de la Mongolie mais également à celle de la Bulgarie, de la Hongrie et de la Roumanie en tant que satellites de l'Union soviétique. En revanche, Washington a défendu simultanément l'admission de l'Italie et de la Finlande.

En septembre-octobre 1947, la «bataille» pour le statut de ces pays au Conseil de sécurité sera la plus intense. Les traités de paix avec ces pays comprendront une disposition selon laquelle leurs demandes d'adhésion à l'Onu seront soutenues par les grandes puissances. Le représentant de la Pologne, soutenu par l'URSS, proposera au Conseil de sécurité d'admettre tous ces États comme membres des Nations unies. En dépit des dispositions pertinentes des traités et des décisions prises lors de la Conférence de Potsdam, les représentants américains et britanniques utiliseront tous les arguments et les recours juridiques contre les régimes pro-Moscou, jusqu'à recourir au droit de veto.

L'Albanie rejoindra l'Onu en 1955, la Mongolie n’en deviendra membre qu'en 1961.


Source:
Nyam Osor Uchral. Reconnaissance internationale du statut indépendant de la Mongolie. Vlast, no8, 2011.