Le 17 mai 1946, Ion Antonescu est condamné à mort par le tribunal de Bucarest. Ses derniers mots seront: «Je demande la peine de mort, je refuse de demander la grâce.»

Antonescu est jugé comme criminel de guerre. Le 4 septembre 1942, le général Antonescu est devenu Premier ministre, après quoi il a obtenu l'abdication du roi Carol II et a pris la tête de l'État national-légionnaire avec le soutien de l'armée et de la Garde de fer, mouvement fasciste. Il a immédiatement procédé à des répressions: en un mois, trente-cinq camps de concentration ont été créés en Roumanie. La Roumanie est devenue un régime d'inspiration fasciste et Antonescu a été déclaré conducator (guide). En septembre de la même année, Antonescu a demandé à l'Allemagne d'envoyer un contingent en Roumanie afin de protéger des champs pétrolifères. Il a expédié 40.000 Juifs roumains dans des camps de concentration. Au total, 300.000 Juifs ont été exterminés en Roumanie et dans les territoires occupés, conformément à ses ordres.

Antonescu était le seul dirigeant étranger avec lequel Hitler s'est entretenu sur les questions militaires. Dans la guerre contre l'URSS, Antonescu s'est montré  extrêmement cruel. Après l'attentat du 22 octobre 1941 contre le quartier général roumain d'Odessa, il a ordonné de fusiller deux cents otages pour chaque officier tué et cent otages pour chaque soldat. En tout, 25.000 civils d'Odessa ont ainsi été massacrés en application de cette consigne.

Après la perte de dix-huit divisions roumaines sur vingt-deux dans la bataille de Stalingrad, les cas de désertion se sont multipliés. L'économie roumaine s'est effondrée depuis longtemps. Dès le début de 1943, le dictateur a entrepris des négociations secrètes avec l'Occident par l'intermédiaire de diplomates au Portugal et en Suisse, mais sans succès.

Le 23 août 1944, sur ordre du jeune roi Michel Ier, que le maréchal Antonescu considérait jusque-là comme un homme-lige, le dictateur a été arrêté et caché dans un immense coffre-fort où était conservée la collection royale de timbres-poste. Le 31 août, Antonescu a été remis aux Soviétiques. En avril 1946, avec vingt-cinq autres criminels de guerre, il a comparu devant le premier «Tribunal du peuple» roumain. Le 17 mai, avec douze autres accusés, il est condamné à mort.

Antonescu demande à être exécuté non par les gendarmes, comme il était d'usage, mais par les soldats. Cette demande est rejetée. En revanche, son autre demande est satisfaite: l'ancien dictateur est autorisé à commander sa propre exécution. Celle-ci a lieu le 1er juin 1946 et est filmée.


Source:
Ivan Orlik, Procès à Bucarest de I. Antonescu, 1946, dans Histoire nouvelle et contemporaine, 2012.