À Leningrad, le premier musée d’État des beaux-arts, le Musée russe, rouvre ses portes. Le 9 mai 1946, l'inauguration de la première exposition d’après-guerre se tient dans les salles du château Mikhaïlovski, aussi appelé château des Ingénieurs ou encore château Saint-Michel. Seul le rez-de-chaussée est accessible; le premier étage est censé rouvrir à l’automne.
Dès le premier jour de la Grande Guerre patriotique, le personnel du musée se lance dans une opération sauvetage des collections qui comptent 136.000 œuvres d’art. 26.816 objets des plus précieux sont évacués vers les villes de Gorki (Nijni Novgorod) et Molotov (Perm). Le musée perd presque tous ses employés. Avant la guerre, ils étaient 300. En avril 1942, ils ne sont plus que cinq. Pendant la guerre, 11 bombes brisantes et plus de 100 bombes incendiaires tombent sur le musée. Le bâtiment Benois est dévasté, la moitié de l’aile de la rue Injenernaïa est détruite. «Tous les membres de la petite équipe, quel que soit leur âge, ont énergiquement pris part à l’extinction des bombes incendiaires, à la protection des fenêtres avec du contreplaqué, les vitres ayant été brisée par les ondes de choc. Tout le monde travaille par relais pour veiller sur le site 24 heures sur 24», écrit le directeur par intérim du Musée russe, Piotr Baltoune.
Le 14 octobre 1945, un train rapporte à Léningrad des objets évacués, dont des icônes de Roublev, «Le dernier jour de Pompéi» de Karl Brioullov, «Les Bateliers de la Volga» et «Les Cosaques zaporogues écrivant une lettre au sultan de Turquie» d'Ilya Repine, des peintures d'Argounov, Ougrioumov, Rokotov et de nombreux autres artistes. Dans le jardin du château Mikhaïlovski, des sculptures sont déterrées.
Les travaux de rénovation se poursuivent dans le bâtiment pendant plus d'un an. Quant à la restauration du jardin, elle s'achève à la fin des années 1950.
Source:
«Le Musée russe, évacuation, siège, reconstruction. Mémoires d’un employé du musée», de Piotr Baltoune