Le 29 mars 1946, la résolution 691-271 ss du Conseil des ministres de l’URSS a mis à la disposition des entreprises du ministère de la Sidérurgie un contingent spécial qui devait être envoyé dans les régions nord du pays pour travailler.

L’État a mis en place des colonies spéciales où l’on envoyait des ethnies suspectes ou «coupables» (Tatars de Crimée, Tchétchènes, Allemands) ou bien des groupes de personnes (dékoulakisés). Les colons spéciaux étaient des citoyens soviétiques, déportés de leur lieu de résidence vers des régions éloignées du pays. Ils constituaient une catégorie distincte de la partie réprimée de la société. Après la guerre, la liste des catégories de colons spéciaux s’est considérablement élargie.

Le 30 avril 1946, la directive secrète 97 du ministère de l’Intérieur de l’URSS a été diffusée. Elle concerne l’envoi dans des colonies spéciales des personnes ayant servi dans l’armée allemande et l’armée de Vlassov, ainsi que des légionnaires et des officiers de police.

Conformément à cette directive, les individus à l’égard desquels il n’existait pas de documents sur leurs activités antisoviétiques pouvant justifier leur arrestation et mise en accusation devaient être envoyés dans des colonies spéciales pour une durée de six ans. Il s’agissait des personnes qui n’avaient pas commis de crimes mais qui avaient servi dans l’armée allemande, l’Armée de libération russe du général Vlassov, des unités cosaques, des légions nationales. Des commandants des formations de l’organisation Todt et des policiers faisaient également partie de la liste. La directive secrète du 30 avril prescrivait «de préciser spécifiquement que pour leur trahison, ces individus devraient être punis plus sévèrement mais, à la suite de la victoire sur l’Allemagne, le gouvernement soviétique a fait preuve d’indulgence à leur égard en se limitant à les transférer dans une colonie spéciale».


Source:
Viktor Zemskov, Colons spéciaux en URSS, 1930-1960, Moscou, Éd. Naouka, 2005.