Le 15 mars 1946 a été adoptée la loi transformant le Conseil des commissaires du peuple de l’URSS (Sovnarkom) en Conseil des ministres de l’URSS, et les Conseils des commissaires du peuple des républiques fédérées et autonomes faisant partie de l’URSS en Conseils des ministres des républiques.

Le Conseil des commissaires du peuple, qui était le gouvernement bolchevik, a été mis en place dans la foulée de la révolution d’Octobre par un décret adopté au IIe Congrès des Soviets. C’est Vladimir Lénine qui en est devenu président. Cependant, en trente ans de pouvoir soviétique, le vocabulaire révolutionnaire est devenu obsolète et un changement de nom s’imposait.

«Le commissaire du peuple ou, de façon générale, le terme commissaire reflète une période où l’ordre était instable, une période de guerre civile, une période de rupture révolutionnaire, a déclaré Staline lors de l’assemblée plénière du Comité central du Parti communiste de l’Union soviétique le 14 mars 1946. Cette période est révolue. La guerre a montré que notre système social était très stable. [...] Il y a lieu de passer de "commissaire du peuple" à "ministre".»

D’importantes modifications ont été apportées par le décret du Comité central du Parti communiste et du Conseil des ministres en date du 8 février 1947 relatif à l’organisation des travaux du Conseil des ministres de l’URSS. Il y a eu une répartition des pouvoirs entre le Politburo du Comité central du Parti communiste et le Conseil des ministres. Selon ce texte, le Politburo a été chargé des «questions du ministère des Affaires étrangères, du ministère du Commerce extérieur, du ministère de la Sécurité d’État, des questions de la circulation monétaire, des questions relatives aux opérations de change, ainsi que des questions les plus importantes du ministère des Forces armées». Les décisions gouvernementales sur d’autres questions n’avaient plus besoin d’être approuvées par le Politburo.

Le rôle du Conseil des ministres dans le système étatique de l’URSS dépendait largement de la personnalité de son chef. Staline, en tant que président du Conseil des ministres, prenait souvent seul des décisions clés. Avec sa mort, la collégialité est devenue un principe de base, ce qui a entraîné de fait un amoindrissement de l’autorité du Premier ministre.

 


Source:
Oleg Khlevniouk, Staline. La vie d’un leader. Biographie, Éd. AST, 2015.