Le 4 mars 1946, quinze brigades de chars soviétiques ont franchi la frontière iranienne pour avancer vers Téhéran et les frontières avec l’Irak et la Turquie. Cela a provoqué de vives protestations de la part de l’Iran, ainsi que des États-Unis et du Royaume-Uni. C’était le début de la crise iranienne, un conflit diplomatique entre l’URSS et ses anciens alliés.
Deux semaines plus tard, le 18 mars, le gouvernement iranien a demandé la convocation du Conseil de sécurité de l’Onu et à l’URSS de retirer ses troupes. Les diplomates soviétiques n’ont pas réussi à faire reporter la réunion et Andreï Gromyko, le représentant soviétique aux Nations unies, a été contraint de quitter la salle. Le 8 mai, le Conseil de sécurité a adopté la résolution sur le retrait des troupes soviétiques d’Iran.
Les origines de cette crise remontent à 1941, lorsque, préoccupés par une éventuelle adhésion de l’Iran à l’Axe, ainsi que par la nécessité de créer une artère de transport sûre pour les livraisons d’équipements sous prêt-bail, le Royaume-Uni et l’URSS ont déployé leurs contingents en Iran. Les champs pétroliers de l’Azerbaïdjan iranien ont été ainsi protégés contre d’éventuels actes de sabotage et le «Corridor perse» a été mis en place, par lequel 34% de toutes les livraisons du programme de prêt-bail ont été acheminées en URSS. La date du retrait des troupes alliées d’Iran avait été fixée dans le traité de 1942, modifiée dans l’accord de Potsdam et plus tard lors des négociations de septembre 1945.
Après la guerre, l’Union soviétique a trouvé préoccupantes les activités des compagnies pétrolières américaines et britanniques en Iran. Elle redoutait aussi l’influence politique que ces pays pouvaient exercer sur ses Républiques du sud. Moscou a cherché à annexer les territoires au nord de l’Iran, soutenant la République démocratique iranienne autoproclamée d’Azerbaïdjan et la République kurde de Mahabad.
Conformément à la résolution du Conseil de sécurité, vers le 9 mai 1946, le contingent militaire soviétique a quitté l’Iran. Le Madjles iranien a cependant refusé de ratifier l’accord soviéto-iranien sur une société pétrolière commune. En réponse, l’URSS a mis en place des bases d’entraînement pour les militants kurdes sur le territoire de l’Azerbaïdjan soviétique, dont l’objectif principal était de fomenter une insurrection au Kurdistan iranien. Les affrontements armés entre l’armée iranienne et les rebelles kurdes ont commencé en 1947, mais le conflit est resté un problème interne iranien.
Les historiens citent la crise iranienne comme l’un des motifs formels du déclenchement de la guerre froide. Dans le même temps, la crise a montré l’efficacité des Nations unies et du Conseil de sécurité en tant qu’instruments de résolution de conflits.
Source:
diphis.ru