La première élection présidentielle vraiment démocratique depuis 1928 a été remportée par le colonel Juan Domingo Perón, populiste, admirateur de Mussolini, pourfendeur du tribunal de Nuremberg.

Officier de carrière, Perón a participé au coup d'État militaire de 1943, ce qui lui a valu le poste de ministre du Travail. Sa politique populiste lui a permis de gagner le soutien des descamisados, couches les plus pauvres du prolétariat. Très vite devenu lieutenant général, il sera nommé ministre de la Guerre, puis vice-Président. Sa popularité a effrayé la junte et en octobre 1945 il a été arrêté, mais libéré à la suite des troubles populaires.

On attribue à Perón la phase suivante:

«Le procès de Nuremberg qui se déroule aujourd'hui en Allemagne est une farce indigne des gagnants qui se comportent de la manière la plus dégoûtante».

Selon certains rapports, entre 1943 et 1945, Perón a reçu d'importantes sommes par l'intermédiaire de l'ambassade d'Allemagne. C'est en Argentine qu'Adolf Eichmann, Josef Mengele et des milliers d'autres nazis ont trouvé refuge.

Le nom du Président argentin a donné naissance au terme «Perónisme». Il a nationalisé les chemins de fer et les infrastructures électriques, centralisé l'agriculture et coupé l'accès au pays pour les capitaux étrangers. Son épouse et vice-Présidente du pays, l’actrice Eva Duarte de Perón, était très populaire et aimée par la population. Cependant, le régime, progressivement devenu corruptionniste, a conduit à l'appauvrissement, affaiblissant la monnaie nationale et détruisant les investissements. Perón, qui ne tolérait pas la dissidence, s'est fait des ennemis à la fois à droite et à gauche, soulevant notamment l'Église contre lui. En 1955 a eu lieu un coup d'État militaire qui a porté au pouvoir l'une des dictatures les plus dures de l'histoire. Perón a dû fuir le pays.

De l'étranger, il a tenté de diriger le mouvement Peróniste. Il n'a réussi à revenir au pouvoir qu'en 1973, en remportant les élections présidentielles. Un an plus tard, Perón est mort d'une crise cardiaque.


Source:
Izvestia n° 49, 26 février 1946.