Le 25 janvier 1946, 120 soldats de l’armée polonaise ont torturé et tué, selon diverses estimations, entre 56 et 78 habitants de nationalité ukrainienne, dont des femmes et des enfants, du village de Zawadka Morochowska. Le 23 janvier 1946, les Polonais y avaient rencontré une forte résistance de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA). De retour le 25 janvier, un détachement de la 8e division d’infanterie sous le commandement du lieutenant-colonel Stanislav Pluto n’y a pas trouvé de rebelles ukrainiens. Ce sont les civils du village qui ont alors été massacrés.

L’histoire du conflit polono-ukrainien remonte à la première moitié du XXe siècle et est liée à la volonté des deux États de reprendre le contrôle de leurs territoires historiques. L’aggravation du conflit a eu lieu en 1943, lorsque les unités de l’UPA ont massacré les Polonais vivant dans la région ukrainienne de Volhynie. Pour empêcher de telles actions punitives et permettre une résolution pacifique du conflit, le Comité polonais de libération nationale, représenté par son président Edward Osóbka-Morawski, et la RSS d’Ukraine, représentée par le président du Conseil des commissaires du peuple Nikita Khrouchtchev, a conclu, le 9 septembre 1944, un accord sur le rapatriement de la population ukrainienne de Pologne et des citoyens polonais du territoire de la RSS d’Ukraine. Le document a mis en place une procédure de rapatriement des Ukrainiens, des Biélorusses et des Russes du territoire de la Pologne et des Polonais ainsi que des Juifs du territoire de l’Ukraine.

Le rapatriement forcé des Ukrainiens a rencontré la résistance de l’UPA dont l’armée polonaise combattait les activités subversives. Le massacre de Zawadka Morochowska est devenu la dernière grande action punitive polonaise dans le conflit ukraino-polonais.

Le 6 mai 1947, la procédure de rapatriement a été achevée. À l’automne 1947, les unités de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne et de l’Organisation des nationalistes ukrainiens en Pologne ont été liquidées.

Sources:
Jan Pisuliński, Tragiczne mikrohistorie: Zawadka Morochowska
Jarosław Staruch. «Iarlan» Krwawym szlakiem stalinowskiej demokracji