À la veille de l'invasion de l'URSS, le commandement suprême des forces armées allemandes adopte une ordonnance sur la propagande dans les territoires faisant partie du plan Barbarossa. L'agresseur espère ainsi convaincre la population soviétique de ses meilleures intentions.

Instructions relatives à l'usage de la propagande dans le cas Barbarossa

«I (...) b) Il est à indiquer de façon particulièrement explicite, en le motivant par le fait que les Soviets ont jusqu'à présent mené exclusivement une politique extrêmement violente envers l'ensemble de la population dans les territoires sous leur contrôle, que le commandement militaire allemand n’arrive pas au pays comme un ennemi de la population. D’ailleurs, il veut libérer la population de la tyrannie soviétique.

Cependant, si une résistance est opposée par la partie non bolchevique de la population, les forces armées allemandes seront forcées de la réprimer, peu importe par qui et quand elle est faite.

[...]

d) Aucune propagande visant à démembrer l'Union soviétique en États séparés ne doit pour le moment être faite. Dans diverses régions de l'Union soviétique, la propagande doit utiliser le langage le plus courant. Cependant, cela ne doit pas conduire à ce que la nature des différents textes de propagande donne prématurément lieu à une conclusion sur les intentions de démembrer l'Union soviétique.

Néanmoins, les termes “Russie”, “Russes”, “forces armées russes” doivent être évités et remplacés par les termes “Union soviétique”, “peuples de l'Union soviétique”, “Armée rouge”, etc.

[...]

2. [...] Il convient de mettre particulièrement en avant toutes sortes d'atrocités et de violations du droit international dont l'Armée rouge pourrait se rendre coupable.»

L'ordonnance, qui émane Alfred Jodl, chef d'état-major de la Wehrmacht, a été imprimée en cent exemplaires pour être envoyée aux commandements de l'Armée, de la Marine, de l'Aviation ainsi qu'à la Compagnie de propagande (Propagandakompanie).

Une partie importante du texte est consacrée à la technologie de la diffusion de propagande. Il a été proposé d'utiliser au maximum le «très large réseau radio soviétique». Pour cela, les troupes avancées devaient prendre immédiatement le contrôle des stations radio et «éviter d’endommager des postes émetteurs». En outre, l'état-major général a ordonné de conserver un petit nombre de journaux soviétiques qui, sous la direction de la censure militaire, serviraient les objectifs de la propagande allemande. Des procédés plus simples étaient également envisagés: collage de proclamations sur les murs des bâtiments, diffusion de tracts sur le territoire ennemi.

Chaque bataille devait commencer par un coup de propagande: «L'armée et les groupes blindés ont le droit d'utiliser tous les outils de propagande à leur disposition avant le début des combats».

Source:
Archives d'État de la Fédération de Russie
F. R-7445. Op. 1. D. 1666, L. 176-179.
Traduit de l'allemand
Extrait du Livre des documents de l'accusation soviétique «Agression contre l'URSS». Document S-26.
victims.rusarchives.ru