La sélection des témoins de l’accusation soviétique est expliquée par Dmitri Astachkine, doctorant en histoire, chargé de recherche à l’Institut d’histoire de Saint-Pétersbourg de l’Académie des sciences de Russie.
Avec le début des travaux du tribunal de Nuremberg, l’Union soviétique s’est mise à chercher des témoins qui pourraient être appelés à la barre. Les premières listes ont été établies sur la base des documents fournis par les bureaux locaux de la Commission étatique extraordinaire (TchGK). Il faut rappeler que les prêtres, écrivains, scientifiques et d’autres personnalités respectées de la société locale faisaient nécessairement partie des TchGK.
Très longues au départ, les listes ont vite été réduites. En novembre 1945, le parquet général soviétique, le NKGB (Commissariat du peuple à la sécurité gouvernementale) et le NKVD (Commissariat du peuple aux Affaires intérieures) ont demandé à leurs bureaux locaux de fournir des renseignements détaillés sur trois à cinq témoins.
Le témoin potentiel devait non seulement avoir connaissance de crimes de guerre commis, mais aussi une «fiabilité politique» et posséder une «culture générale et la capacité de camper sur ses positions lors d’un interrogatoire au cours de l’audience par des avocats expérimentés qui peuvent utiliser contre nous toute ambiguïté dans les témoignages».
Les bureaux locaux du NKGB et du NKVD ont présenté des lettres de référence positives ou négatives. Sur la base de celles-ci, le 27 novembre 1945, a été dressée la «Liste des témoins désignés pour être appelés au procès des criminels de guerre à Nuremberg». La liste ne comprenait que des citoyens soviétiques mais, pendant le procès, l’URSS a également appelé des témoins polonais.
Ceux qui figuraient sur la liste et qui ont témoigné au procès de Nuremberg sont peu nombreux, puisqu’il a été décidé de limiter le nombre de témoins. Ainsi, en février 1946 ont été appelés les témoins suivants: le kolkhozien Iakov Grigoriev, le prêtre Nikolaï Lomakine, le médecin Evguéni Kibelcha, l’académicien Joseph Orbeli. Les autres témoins figurant sur la liste ont témoigné par écrit.
