Du 13 au 22 mars, le tribunal a interrogé Hermann Göring, ancien président du Reichstag, ministre-président de Prusse et le ministre de l'Aviation du Reich. Pendant neuf jours, le «nazi numéro deux» a répondu aux questions des avocats et des procureurs. Ses dialogues avec les procureurs en chef américain, britannique et soviétique se sont transformés en un véritable duel. Voici les moments clés de ce drame judiciaire impressionnant.

«Le procès s'est transformé en spectacle»

«Les interrogatoires de Göring ont pour un certain temps transformé le procès en spectacle», écrit Alexandre Zviaguintsev dans son livre Le Beffroi de Nuremberg. «La salle regorgeait de personnes souhaitant écouter le discours du Reichsmarschall. [...] Göring a fait preuve d'une éloquence exceptionnelle, a brillé de son humour gracieux et léger. Le président du tribunal, Lord Lawrence, qui s'opposait fermement à toute gaillardise, n'a pas pu arrêter les éclats de rire dans la salle, qui accompagnait le discours du "Führer des accusés".»

Les trois premiers jours, Göring a répondu aux questions de son avocat Otto Stahmer. L'accusé est apparu en chevalier sans crainte ni reproche, en héros national de l'Allemagne. «Avec le recul, il me semble que je n'ai rien manqué pour consolider notre pouvoir», a déclaré l'accusé.

Hermann Göring sourit en parlant à son avocat lors d’une pause au procès de Nuremberg, le 15 mars 1946.
Hermann Göring sourit en parlant à son avocat lors d’une pause au procès de Nuremberg, le 15 mars 1946.
© AP Photo

À entendre parler Göring, il semblait qu'il n'y avait absolument rien à reprocher, à lui ou à d'autres dirigeants nazis. Oui, ils se sont battus pour le pouvoir par des méthodes illégales, mais ils l'ont fait pour le bien de l'Allemagne. «Était-il considéré possible d'atteindre ces objectifs [du programme du NSDAP] par tous les moyens?», a demandé Stahmer. «Bien sûr, ils devaient être atteints par tous les moyens. [...] Si je me fixe l'objectif de faire la révolution, c'est illégal pour le pouvoir en place, a philosophé Göring. Si je réussis, alors la révolution devient un fait et, par conséquent, licite et légale.»

Adolf Hitler, Hermann Göring et d’autres nazis lors d’une marche à l’occasion du putsch de la Brasserie à Munich, le 9 novembre 1938.
Adolf Hitler, Hermann Göring et d’autres nazis lors d’une marche à l’occasion du putsch de la Brasserie à Munich, le 9 novembre 1938.
© AP Photo

Oui, ils ont éliminé l'opposition, mais ils ne l'ont pas fait pour eux-mêmes: «Il nous fallait le pouvoir et les pouvoirs gouvernementaux pour rendre l'Allemagne libre et grande». Oui, le Parti communiste a été interdit, mais les communistes auraient fait pire. Oui, les syndicats indépendants ont été supprimés, mais uniquement parce qu'ils exécutaient la volonté des partis et non des travailleurs allemands.

Les régions ont été privées d'une partie importante de leurs pouvoirs et les parlements ont été dissous. Mais comment faire autrement pour restaurer la souveraineté du Reich, s'est interrogé Göring. Les libertés démocratiques ont été restreintes, mais la notion même de libertés est une «question controversée» et elles ont créé des «obstacles au progrès». Oui, après la mort du Président von Hindenburg, le chancelier du Reich Hitler a arbitrairement pris sa place, mais le Président américain n'est-il pas le chef du gouvernement?

Le chancelier Adolf Hitler et le Président du Reich Paul von Hindenburg à Tannenberg en Prusse-Orientale, le 27 août 1933. Göring est à droite d’Hindenburg.
Le chancelier Adolf Hitler et le Président du Reich Paul von Hindenburg à Tannenberg en Prusse-Orientale, le 27 août 1933. Göring est à droite d’Hindenburg.
© AP Photo

Et qu'est-ce que sont la Gestapo et les camps de concentration pour les opposants politiques? Ce sont les communistes qui sont à blâmer, eux qui «ont organisé les attentats terroristes». Oui, il y a eu des abus et un excès de cruauté, mais Göring s'est toujours battu contre cela et a fait preuve de miséricorde même envers le principal ennemi du Reich: le chef communiste Ernst Thälmann.

«Le nazi numéro deux» n'aurait jamais utilisé le terme de «race supérieure» et considérerait la théorie de l'espace vital comme très controversée, alors qu’elle pourrait plutôt s'appliquer aux quatre puissances victorieuses qui ont partagé le monde entre elles. Quant au Führerprinzip («principe du chef»), il n'y a pas d'autre moyen de gouverner l'Allemagne: «Ce qui est très bon pour un pays peut ne pas fonctionner du tout dans un autre. [...] La démocratie est née en Allemagne, lorsque l'Allemagne avait très mal et que nous avons touché le fond.»

Göring ne niait point que l'Allemagne ait lancé un programme de réarmement en violation du traité de Versailles. Hitler a proposé à ses voisins de désarmer, mais ceux-ci ne le voulaient pas. Le «plan quadriennal» de réarmement n'était pas non plus destiné à se préparer à une guerre d'agression: «l’objectif était, comme je l'ai dit, de mettre l'Allemagne à couvert [...] d'un blocus en cas de guerre».

Le Reichsmarschall s'est également attardé sur la question juive.

«Partout, la communauté juive dirigeait la lutte contre le national-socialisme, que ce soit la presse, la politique, la vie culturelle, essayant de susciter le mépris et le dégoût pour le national-socialisme, ou dans la sphère économique», s'est indigné Göring. Comment sauver l'Allemagne et remonter le moral du peuple allemand? «Exclure la communauté juive de la politique, de la direction de l'État.» Et si les nazis «ont eu beaucoup de mots durs contre les juifs et leur communauté» ce n'était qu'une réaction de défense.

Les lois de Nuremberg, qui ont interdit les mariages entre les juifs et les non-juifs, étaient nécessaires pour empêcher les races de se mélanger à l'avenir. Quant aux «demi-sang» déjà existants, Göring a généreusement proposé de les mettre «au même niveau que les autres Allemands». Et, bien évidemment, «l'élimination de la race juive n'était pas planifiée à l'avance».

Évoquant des actions agressives des nazis, Göring n’arrêtait pas de souligner leur caractère contraint. Oui, le Reich s’est décidé à l'Anschluss, mais n'était-ce pas ce que voulaient les Autrichiens à la fin de la Première Guerre mondiale? Oui, la région des Sudètes en Tchécoslovaquie a été annexée à l'Allemagne, mais les puissances occidentales n'ont-elles pas accepté cela à Munich? Oui, le reste de la Tchécoslovaquie n'aurait pas dû être démembré – Göring a objecté, mais il n'a jamais donné sa «parole d'honneur» à l'ambassadeur tchèque, il a été mal compris. Quant à l'attaque contre la Pologne, le président du Reichstag n'était pas d'accord: il était convaincu qu'il suffisait de rattacher la ville libre de Dantzig à l'Allemagne et de créer un couloir terrestre vers cette ville. Mais comment un général peut-il s'opposer aux ordres du chef d'État?

Le Reichsmarshal ne voulait pas non plus l'occupation de la Norvège, mais il a été mis devant le fait accompli. En revanche, il a dissuadé le Führer d'envahir la Suède. Et l'agression contre la Belgique et les Pays-Bas n’a eu lieu que parce que ces pays étaient incapables de maintenir leur neutralité. Bien sûr, pendant l'occupation de la France, les nazis ont durement réprimé la résistance, mais uniquement parce qu'ils subissaient des attaques des maquis français. L'ancien ministre de l'Aviation a trouvé des justifications pour les bombardements de Varsovie, Rotterdam et Coventry.

Hermann Göring avec des officiers de la Luftwaffe. Berlin, 15 novembre 1944.
Hermann Göring avec des officiers de la Luftwaffe. Berlin, 15 novembre 1944.
© AP Photo

Le «nazi numéro deux» a expliqué l'agression contre la Yougoslavie par le fait que les forces pro-soviétiques s’étaient emparés du pouvoir à Belgrade. Göring a qualifié l'attaque contre l'Union soviétique de guerre préventive, en affirmant qu'il avait toujours déconseillé à Hitler de le faire.

Göring a également rejeté certains documents liés à la planification de la guerre. Il a qualifié la Note Hossbach d'interprétation subjective des idées du Führer. Et il a considéré comme faux le mémorandum comportant les résultats de la réunion des secrétaires d'État consacrée au plan Barbarossa, selon lequel il était nécessaire d'«approvisionner pleinement les forces armées avec des vivres en provenance de Russie».

Du point de vue du Reichsmarschall, la famine dans les territoires occupés de l’URSS a été provoquée par la «politique de la terre brûlée» soviétique. Les crimes nazis contre les civils étaient des excès isolés, que Göring punissait sévèrement. L'accusé a reconnu la famine à Leningrad, mais a noté avec ironie que jusqu'à présent «il n'a pas pu trouver la preuve que l'assiégeant avait fourni généreusement des vivres aux assiégés afin de faire poursuivre la résistance». Dans le même temps, il a nié le bombardement de la ville et a mis en doute les dépositions des témoins soviétiques Orbeli et Lomakine.

Non seulement Göring se défendait mais il défendait aussi ses complices. Keitel n'aurait eu aucun moyen de démissionner. Rosenberg n’aurait pas pu interdire le recrutement des travailleurs de l'Est au mépris des ordres du Führer. Jodl n'aurait pas permis à l'Allemagne de se retirer des accords de Genève, qui protègent les droits des prisonniers de guerre. Seyss-Inquart aurait essayé de préserver une Autriche indépendante, mais n'aurait pas pu le faire. Von Neurath aurait poursuivi une politique de paix et d'entente avec le Royaume-Uni, et von Ribbentrop n’aurait pas pu de toute façon changer la position d'Hitler. Göring n’aurait même pas connu un seul général ou amiral qui aurait incité à la guerre.

Si les accusations ne pouvaient pas être réfutées, Göring rejetait la responsabilité sur les morts. Le ministre de la Propagande Joseph Goebbels était à blâmer pour la nuit de Cristal les 9 et 10 novembre 1938, lorsque partout en Allemagne des juifs ont été attaqués et leurs biens détruits. Les mauvais traitements à l’égard des prisonniers des camps de concentration, l'extermination massive des prisonniers et les atrocités dans les territoires occupés: c’est le Reichsführer-SS Heinrich Himmler qui en était responsable. La persécution de l'Église et les conseils disproportionnés à Hitler sont sur la conscience du chef de la chancellerie du parti, Martin Bormann. Enfin, c’est évidemment le Führer qui est responsable de tout, alors que Göring, lui, aurait essayé de toutes ses forces de le dissuader de faire des erreurs.

«Des millions le savaient, mais vous ne le saviez pas?»

Le 16 mars, l’accusation a procédé au contre-interrogatoire. Le premier à prendre la parole a été le procureur en chef des États-Unis, Robert Jackson. Son contre-interrogatoire a été le plus long: presque quatre jours. Jackson a décidé de se concentrer sur les aspects moraux et éthiques, montrant l'avantage d'un système démocratique sur un système totalitaire.

Le procureur en chef américain Robert Jackson interroge l’accusé Hermann Göring, le 18 mars 1946. Archives de l'État russe des documents cinématographiques et photographique, Arch. № B-3145, B-3058
Le procureur en chef américain Robert Jackson interroge l’accusé Hermann Göring, le 18 mars 1946. Archives de l'État russe des documents cinématographiques et photographique, Arch. № B-3145, B-3058

«Cela n'a pas marché, admet Lord Patrick Lawrence, petit-fils du juge en chef Jeffrey Lawrence, dans le documentaire Nuremberg: pour qu’on ne l’oublie pas… Le procès vu par les journalistes. Jackson […] n'avait pas d’expérience quotidienne de contre-interrogatoire.

C'est une compétence très spécifique. Cela a failli être un désastre pour tout le processus. De l'avis de mon grand-père, s'ils avaient continué dans le même esprit, Göring n'aurait pas été condamné.»

L'un des documents présentés par Jackson a failli virer en scandale. Arguant que les préparatifs de l'entrée des troupes dans la zone démilitarisée du Rhin le 7 mars 1936 avaient duré non pas deux ou trois semaines, mais bien plus longtemps, Jackson a montré un document daté du 26 juin 1935, qui faisait référence aux «préparatifs de la libération du Rhin». La réponse de Göring a stupéfié: la traduction aurait été incorrecte et le document aurait prévu de dégager le Rhin de navires en cas d'annonce d’une mobilisation. «Ces préparatifs étaient des faits en vue de l’occupation armée de la Rhénanie, n’est-ce pas?», a insisté Jackson. «Non, c'est complètement faux», a rétorqué Göring. «Mais ils étaient d’une nature telle qu’ils devaient être gardés absolument secrets vis-à-vis des puissances étrangères?», a insisté le procureur. «Je ne crois pas me rappeler avoir lu quelque part l’annonce des préparatifs de mobilisation entrepris par les États-Unis», a répondu le Reichsmarschall.

Ce troll, comme on le dirait aujourd'hui, a provoqué une véritable tempête. Jackson a exigé que le tribunal oblige les accusés à répondre par «oui» ou par «non» et à interdire de faire des «déclarations arbitraires». Le président Lawrence a reconnu qu'«une référence aux secrets des États-Unis, en ce qui concerne la mobilisation, est non pertinente», mais n'a pas interdit les réponses détaillées.

Le document suivant a mis Göring dans une position délicate. Jackson lui a montré une lettre à Reinhard Heydrich, chef de l’Office central de la sûreté du Reich (RSHA), dans laquelle Göring avait mentionné la «solution finale à la question juive». L'accusé a dû insister sur le fait qu'il ne s'agissait que d'émigration et non d'extermination.

«Le contre-interrogatoire n'a même pas duré 10 minutes qu’il était devenu complètement évident que ce n'était pas Jackson qui contrôlait la situation mais l'accusé Göring, a écrit Alexandre Zviaguintsev en citant Norman Birkett, juge suppléant pour le Royaume-Uni au procès de Nuremberg. Résolument poli, exceptionnellement perspicace, débrouillard, adroit, ingénieux, il évaluait en un rien de temps la situation et, au fur et à mesure que sa confiance en lui-même grandissait, son avantage devenait de plus en plus évident... La place à la barre des témoins lui appartenait complètement pendant presque deux jours, et il n'a jamais et en aucun cas été interrompu.»

Après Robert Jackson, c’était le tour de l’adjoint du procureur en chef britannique, David Maxwell-Fyfe, de poser des questions. «Jackson pouvait à peine sortir quelque chose de Hermann, qui était au septième ciel, et j'ai dû intervenir pour le jeter du piédestal», se souvenait-il. Il a choisi une tactique différente et s'est concentré sur des problèmes spécifiques.

Le procureur britannique a forcé Göring à se justifier à la place d’Hitler. En janvier et octobre 1937, le gouvernement allemand a donné des garanties de non-agression à la Belgique et aux Pays-Bas. Mais le 23 mai 1939, lors d'une réunion à la chancellerie du Reich, le Führer a dit: «Les bases aériennes néerlandaises et belges doivent être occupées par les forces allemandes. Aucune déclaration de neutralité ne pourra être prise en considération». Et le 22 août, il a déclaré: «L’Angleterre et la France, elles, ne violeront pas la neutralité de ces pays.» C’est donc l'Allemagne qui allait violer la neutralité? Göring a dû répondre que «vous pouvez constater par-là combien le Führer était versatile», de sorte que ses paroles ne devraient pas avoir beaucoup d'importance.

Le ministre de l'Aviation du Reich Hermann Göring salue les pilotes lors d’une marche à Berlin, le 12 janvier 1937. Derrière lui se tient Viktor Lutze, Stabschef («chef d’état-major») de la SA (Sturmabteilung, «section d’assaut»).
Le ministre de l'Aviation du Reich Hermann Göring salue les pilotes lors d’une marche à Berlin, le 12 janvier 1937. Derrière lui se tient Viktor Lutze, Stabschef («chef d’état-major») de la SA (Sturmabteilung, «section d’assaut»).
© AP Photo

Maxwell-Fyfe est revenu aux chiffres soviétiques, selon lesquelles quatre millions de personnes avaient été tuées dans le seul camp de concentration d'Auschwitz. Dans le même temps, les nazis ont tué six millions de juifs: environ quatre millions dans les camps et deux millions «par d'autres moyens». «Allez-vous dire au tribunal qu’un ministre ayant vos pouvoirs aurait pu rester dans l'ignorance?», a demandé le procureur. Mais Göring a de nouveau assuré que «même le Führer ne savait pas quelle ampleur cela avait» et que toute responsabilité incombait à Himmler. L'accusé a mis en doute le chiffre de 10 millions de victimes des camps de concentration. Lorsque le procureur lui a cité la déclaration d'Hitler du 17 avril 1943: «Si les juifs n’y voulaient pas travailler, ils étaient fusillés. S’ils ne pouvaient pas travailler, ils devaient mourir», il a dit ne pas connaître le document cité.

La dernière partie du contre-interrogatoire a été menée les 21 et 22 mars par le procureur en chef soviétique Roman Roudenko qui s'est appuyé sur des documents allemands.

Roudenko a fait en sorte de conduire l’accusé à donner les réponses dont il avait besoin. Le procureur soviétique a ainsi poussé Göring à reconnaître que, bien que le Führer ait pris toutes les décisions lui-même, il avait souvent écouté les conseils de ses «collaborateurs les plus proches». «Qui était le collaborateur le plus proche de Hitler dans le domaine de l’aviation?» a demandé le procureur. «Moi, naturellement», a répondu Göring. «Et pour les questions économiques?», a poursuivi Roudenko. «C’était moi également», a avoué l’accusé.

Le Reichsmarschall a confirmé que le plan Barbarossa était prêt dès novembre 1940, y compris en ce qui concerne les forces aériennes. Certes, il devrait être mis en œuvre «en cas de changement possible de la situation politique compte tenu de la menace émanant de la Russie». Mais Roudenko n'a pas permis à Göring que ce sujet soit développé. Contrairement à Jackson, il a stoppé les tentatives de diversion des accusés.

Hermann Göring lors de la première journée du contre-interrogatoire, le 13 mars 1946.
Hermann Göring lors de la première journée du contre-interrogatoire, le 13 mars 1946.
© AP Photo, Eddie Worth

Göring a également admis qu'après une réunion avec Hitler, le 16 juin 1941, Bormann a rédigé un document avec un plan pour le démembrement de l'Union soviétique. Cependant, il a qualifié ce document d'«infiniment exagéré»: en fait, «il ne s’agissait nullement des régions de la Volga», alors que la Crimée et les pays baltes ont été discutés, mais seulement en théorie.

Göring n’a pas nié le fait que des millions de personnes ont été emmenées en Allemagne, mais a rejeté les accusations d'esclavage. Le «nazi numéro deux» a qualifié les propos de Himmler relatifs à la suppression de 30 millions de Slaves d’absurdes: «pareilles instructions n’auraient pas pu être données par Himmler et je ne connais pas une telle instruction émanant de lui. [...] À aucun moment, une directive n’a été donnée par le Führer ou par qui que ce soit que je connaisse, pour l’extermination des Slaves.»

Le procureur en chef français, Auguste Champetier de Ribes, n'a pas posé de questions.

«En fin de compte, nous l'avons quand-même coincé, se souvenait Robert Jackson, cité par l'auteur du livre Le Beffroi de Nuremberg. Cependant, cela a été une vraie bataille, longue et difficile, et elle s’accompagnait également d'une quantité importante de propagande pro-nazie complètement inappropriée qui s'est répandue en Allemagne.»

«Le dernier point dans l'interrogatoire de Göring, ou plutôt un point d'exclamation, a été mis par le procureur général soviétique Roudenko, écrit Alexandre Zviaguintsev. Cela a été noté par toutes les personnes présentes dans la salle, après quoi l'autorité de Roudenko s'est considérablement renforcée. Tout le monde a commencé à parler de son grand professionnalisme.»

«Roudenko a fait son travail, mais je pense que tous ceux qui ont interrogé Göring n'étaient probablement pas tout à fait satisfaits», explique Sergueï Mirochnitchenko, chercheur en droit international. Selon lui, l'interrogatoire de Göring a été l'un des moments les plus difficiles du procès.

La photo d’Hermann Göring d’un dossier du Registre central des criminels de guerre (Paris).
La photo d’Hermann Göring d’un dossier du Registre central des criminels de guerre (Paris).
© AP Photo

Sources:
unicaen.fr
Alexandre Zviaguintsev, Le Beffroi de Nuremberg.
Nuremberg. Pour qu’on ne l'oublie pas... Le procès vu par des journalistes, documentaire d’Alexandre Zviaguintsev.